D’où vient le mot « super-aliment » (et pourquoi les mots comptent)
Le terme super-aliment n’est pas né dans un laboratoire, mais dans la publicité, il y a plus d’un siècle. Il servait à promouvoir la banane comme aliment pratique et digeste, bien avant que les myrtilles, les graines de chia ou les avocats ne deviennent « tendances ». Aujourd’hui, dans l’Union européenne, toute allégation de santé doit être prouvée et autorisée. Les mots influencent nos attentes ; il est donc essentiel de les utiliser avec précision, surtout avec les enfants. Plutôt que de demander : « Est-ce un super-aliment ? », on peut se demander : « Qu’est-ce qui rend ce choix utile pour nous, la plupart du temps ? »⁶⁷⁸
La logique du « super »
Définissons « super » de façon rationnelle :
• Densité nutritionnelle par calorie : plus de nutriments essentiels, de fibres et de polyphénols pour l’énergie apportée.⁴⁵
• Densité nutritionnelle par rapport aux “moins bons” composants : plus de bénéfices pour chaque gramme de sucres libres, de graisses saturées ou de sel.⁴
• Valeur nutritionnelle par euro : avoine, légumineuses, légumes surgelés et mélanges de noix battent souvent les produits exotiques.⁴
• Impact nutritionnel par empreinte environnementale : les aliments d’origine végétale et peu transformés offrent plus de nutriments pour un impact moindre.⁴
• Fonction spécifique par portion : par exemple, ferments + fibres prébiotiques (microbiote), ou oméga-3 (cœur).⁴⁵⁹

Pourquoi aucun aliment ne fait de miracle
Même les aliments les plus riches en nutriments ne peuvent, à eux seuls, garantir la santé : ce qui compte, c’est la régularité.
- Dose et fréquence : une cuillère de graines de chia par semaine ne changera rien ; les bénéfices apparaissent avec des apports fréquents et suffisants.³
- Biodisponibilité : les nutriments interagissent entre eux ; la vitamine C aide à absorber le fer végétal, un peu de matière grasse facilite les vitamines A, D, E et K.
- Effet de remplacement : un aliment « sain » n’a d’intérêt que s’il remplace un produit moins favorable (huile d’olive plutôt que beurre, légumineuses plutôt que charcuterie).³
- Effet d’ensemble : les régimes variés de type méditerranéen, riches en fibres, polyphénols et graisses insaturées, surpassent tout ingrédient isolé.³¹⁰
- Variabilité individuelle : chacun réagit différemment ; ce qui est « super » pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre.⁹
